Il est des films comme ça à côté desquels on serait passé si un soir de bonne crève on avait pas échangé une bière en terrasse contre une petite séance à l’Eldorado, repère des « cultureux » si chères au groupe Davoine. Grand bien nous en a pris. Merci Marshall Banana. Le mexicain – après Del Toro, Inarritu, mais où s’arrêteront-ils ? – Alfonso Cuarón signe avec Les fils de l’homme un petit chef-d’oeuvre de film d’anticipation.
2027. Il règne un joli petit chaos sur Terre. Les Hommes ne peuvent plus se reproduire. En Angleterre, un ancien activiste, Theo (Clive Owen), est contacté par son ex-femme Julian (Julianne Moore), afin qu’il dégote des papiers et escorte une jeune femme jusqu’à un embarcadaire où l’attendrait le bateau du Human Project, sorte de havre de paix, où les scientifiques cherchent remèdes et autres farces et attrapes.
Pourquoi escorter cette fille me direz-vous ? Je me doute que vous avez compris, mais je vous le dit quand même : elle est enceinte ! Et que forcément, sur une terre où la plus jeune personne a 18 ans et des bananes, un bébé attire la convoitise de moult groupes plus ou moins sectaires. Et évidemment, Theo accepte.
Je n’en dirais plus. Déjà faire un article sans spoiler comme disent les jeunes sera délicat. Aussi vais-je faire court.
On connaissait déjà Clive Owen en gentil bourrin – Sin City, King Arthur , Inside Man-, là il va bien au delà des limites le p’tit anglais – James Bond ça aurait pu être lui, c’est dit -. Il incarne à la perfection son personnage, un brin désabusé au début, touché dans ce qu’il a de plus cher par la suite, totalement voué/lié à sa cause, le personnage de Théo gagne en profondeur à chaque minute de film. Le gros Clive démontre ici un talent dont on se doutait … dans la lignée d’un Harrison Ford dans Blade Runner.
Et que dire de second rôle de grande Classe. Sir Michael Caine. Lui il mérite son petit titre bordel. C’est un Monsieur, avec un grand M. Il est génial, on le savait déjà. Il incarne ici le mentor de Theo, cheveux longs et barbe abondante, un brin beatnik dans sa batisse cachée dans les bois, avec sa femme tétraplégique, son chien et son chat.
Dans la série on peut aussi bien citer Chiwetel Ejiofor et surtout Peter Mullan. Il est trop rare le p’tit Peter. Il incarne ici un flic assez spécial, un bon salopard comme on les affectionne.
En fait le casting est parfait, je vais donc m’arrêter là.
Alfonso Cuarón, dont la filmo hétéroclite recèle aussi bien des nanards sentimentaux (De grandes espérances) que des blockbusters multimillionnaires (Harry Potter 3), livre ici une adaptation parfaitement maitrisée de la nouvelle de PD James – on ne rigole pas dans le fond -. Je n’ai pu m’empêcher de penser à Michael Mann. Les scènes de Guerilla urbaines vous collent à votre siège, tandis que les passages calmes vous fileront la chair de poule tellement c’est beau. Déjà que les acteurs sont bons, mais en plus il les sublime avec un sens du cadre, du mouvement et de la photo épatant. Sont forts ces mexicains.
On va attendre impatiemment le prochain film de Cuaron pour voir si l’essai sera transformé, mais Children of Men figure d’ores et déjà au sommmet de ma liste de DVD souhaités. Il est annoncé pour le 24 avril.