Comme dirait un de mes collègues, vieux motard que jamais. Revenons vite sur un flim qui ne mérite pas une petite chronique mais une grande et belle déclaration d’amour, parce que des efforts comme celui-ci restent quand même bien rares par les temps qui courent.
There will be blood est le cinquième flim de Paul Thomas Anderson après Punch Drunk Love (très joli), Magnolia (brillant), Boogie Nights (classe) et Sidney (pas vu).
Comme d’habitude, c’est long, avec un peu moins de 2h40 au compteur. Mais comme dans ses précédentes productions, l’animal tient la longueur.
La séquence d’introduction vaut à elle seule le détour -même si il serait bien dommage de se borner à ça-. On passe pour ainsi dire une demi-heure sans entendre le moindre dialogue. De grands et beaux décors désertiques, des derricks -je ne ferai pas de blagues faciles-, d’exigus puits, du pétrole qui suinte, Daniel Day-Lewis qui éructe, qui nous fait son plus beau sourire de requin, prenant quelques années en 30 minutes. Ceci pour expliquer que son personnage , l’odieux -mais s’il n’était que ça- Daniel Plainview, a bien fait prospérer ses premiers forages. Et il en veut toujours plus. Ainsi lorsqu’un matin, un jeune homme, Paul -Paul Dano- se pointe et lui propose d’aller forer chez son père qui dort sur de l’or noir, forcément, il y va avec son « rejeton », un petit bonhomme qui en connaîtra aussi de belles … Arrivés là bas, ils rencontreront le frère jumeau de Paul, Eli, jeune et fougueux prédicateur et toute la petite famille. La suite c’est à vous de la découvrir. Il serait dommage de déflorer une histoire aussi passionnante que celle-là.
Déjà partenaires dans la Ballade de Jack & Rose, Daniel Day-Lewis et Paul Dano sont exceptionnels, même si le terme est bien galvaudé. Le premier on le sait depuis un moment, son deuxième oscar pour sa performance n’est vraiment pas volé. Même si on ne le voit finalement pas tant que ça, le petit Paul confirme tout le bien qu’on pensait déjà de lui depuis Little Miss Sunshine, La Ballade … ou dans un autre registre Girl Next Door. Le jeune homme a une présence et une prestance que peu d’acteur, même plus âgé ne peuvent se targuer de posséder.
Outre une réalisation et des plans toujours aussi impec’ -et une photo idoine-, on notera aussi toute l’attention apportée au son et à la musique. Je ne suis pas fan de Radiohead, mais force est d’avouer que Jonny Greenwood a fait un bien joli boulot avec de grands sons qui résonnent comme des cris qui viennent de l’intérieur -anti private joke à moi même, si c’est pas beau ça-. Pas franchement mélodieux mais diablement efficaces.
S’il passe toujours près de chez vous, allez le voir au plus vite. Si non, attendez patiemment que ça sorte en DVD. Savourez-le en VO bien sûr, parce la BA avec les voix françaises ne laissait rien présager de bon. Un très grand flim, doublé dans la course à l’oscar par un certain No country for old men, que j’avais également adoré, mais qui ne vaut clairement pas cette fabuleuse fresque.