Ah U2 ! Le Plus Grand Groupe de Rock du Monde, The Big One, la Machine de Guerre, la Distillerie à Emotions des Stades, l’Usine à Tubes… Hé bien , on a pu constater certaines choses ce samedi 11 juillet au sacro saint Stade de France, et finalement…
Tout d’abord, je voudrai dédier cet article à la plus grande star croisée en ce jour de gloire : le commentateur émérite de la balle jaune du service public, le compagnon de galère du truculent et non moins exquis Arnaud Boetsch : le ténébreux, le magnifique Lionel Chamoulaud himself… Après Hervé Mathoux pour le concert de Mika au Parc l’an dernier, on croise les doigts pour croiser Fred Brindelle (NdA : au passage, merci encore les mecs pour le maillot de l’équipe de France de Hand, vous z’êtes des zamours ^^) ou Christophe Josse l’an prochain au détour d’une enceinte sportive de toute beauté.
La première partie était assurée par les Britpopers Kaiser Chiefs, qui réussirent à communier avec le public déjà tout acquis (peu ou prou) à la cause des 4 irlandais magiques. Pour résumer, leur prestation, bien que dotée d’une certaine énergie (un batteur au look délicieusement rétro 90’s), ne m’a pas laissé un souvenir impérissable, mais bon que voulez vous, ca faisait Ohohoh donc forcément ç’était de circonstance. Bref malgré un enthousiasme juvénile mais modéré, la soirée s’annonçait fort belle, d’autant que le groupe de joyeux lurons que notre petite troupe formions ayant été scindé en 2 lors de l’attribution des places, un habile coup de génie nous permit de tous nous retrouver les uns à côté des autres et forts proches de la pelouse… Un petit coup de resquille ne faisant jamais de mal, ça mangeait pas de pain (surtout que nous n’en étions pas à notre coup d’essai pour cette soirée, mais je n’en dirai pas plus, préférant laisser un peu de mystère ^^).
21h15, la foule trépigne, la sécurité s’affole, la fumée fait son apparition sur la scène (incroyable structure par ailleurs, mais nous en reparlerons plus tard), et après deux trois minutes interminables, et une bonne dizaine de personnes saluées par des hourras et des vivas par erreur, les 4 chevaliers de la reine Musique sortent du tunnel, et montent les quelques marches pour rejoindre la scène : le stade explose, se lève d’un seul homme (à part certains réfractaires que je ne citerai pas ^^), et ç’est parti pour le show ! Première incroyable surprise, Larry Mullen Jr., le type qui n’a a plus souri depuis le clip de « I still haven’t found what I’m looking For », nous gratifie d’un sourire éclatant tout en tapant avec frénésie sur ses fûts (du jamais vu pour ma part lors d’une captation live en DVD) : d’emblée on ne regrette pas ses sous !
C’est donc le début d’une set list, à haute teneur en titre de NLOTH (abréviation du dernier album, un peu long à développer, donc voilà) : paf 4 titres comme ça sans interruption : Breathe (sympa mais ne décolle pas), NLOTH (fade, morne, répétitive, les premiers Ohohoh scandés, bref à l’image du dernier album), Get on Your boots (riff de stade très efficace, malgré un morceau très léger), et enfin The Magnificent (1ère déception, un des deux meilleurs morceaux de l’album, mais qui ne s’envole pas du tout en live) : bref, une entrée en matière loin d’être exceptionnel, même si tout cela était franchement prévisible.
Après cet interlude qui ressemblait à s’y méprendre à du matraquage au cas où des p’tits rigolos dans l’assistance auraient eu l’outrecuidance de ne pas avoir encore acheté la dernière galette (ou alors c’était pour s’en débarasser, finalement je ne sais…), arrive enfin le moment de morceaux plus pêchus : Beautiful Day (très bien), le premier frisson sur I Still Haven’t Found What I’m Looking For (chanson mythique, où le public trouvera une bonne place pour s’exprimer) puis Desire (morceau que j’affectionne particulièrement, même si en l’occurrence nous étions plusieurs à regretter d’être tombé le soir où Angel of Harlem passait à la trappe). S’ensuivirent entre 30 à 40 secondes où un nanoscopique hommage fut rendu à Michael Jackson, Bono reprenant une phrase de Billie Jean puis le groupe entonnant en canon deux trois Don’t Stop Till You Get Enough : un moment ultra court, sans véritable émotion (n’y aurait-il pas mieux valu jouer un titre en entier… mais bref passons).
Après In A little While (sympa) et Unknown Caller ( Karaoké géant pour garder la foule en éveil), entrecoupé d’un Direct avec des astronautes (z’avaient l’air sympa), arrive The Unforgettable Fire : très bonne surprise de trouver ici ce morceau des 80’s, très bien interprété, et surtout déclencheur de l’attraction principale de la soirée : l’écran géant. La scène, sorte de pieuvre-araignée (ou l’inverse) à 4 grandes pattes surplombée d’une antenne et d’un écran géant 360 était déjà relativement impressionnante, même si pas très belle d’un point de vue esthétique. Mais là, l’écran géant a pris vie, et d’une taille raisonnable au départ, s’est progressivement étirée pour former une sorte de ruche géante lumineuse de plusieurs mètres de hauteur : je me rappelle avoir lâché un « Ah oui, quand même ! ». Du coup, City of Blinding lights et Vertigo sont un peu passés au second plan pour la musique, le public étant subjugué par le déferlement d’images, de lumières, de couleur, et cette sensation de démesure et de gigantisme, propre seulement à ce groupe : et c’est là qu’on se dit, même si on peut avoir des tonnes et des tonnes de griefs quant à leur évolution musicale, à la mégalo chronique de Bono, que vraiment tout ça, ça vaut le coup d’être vu.
Bon je vais arrêter de m’étaler, pace que ça commence à faire tout ça : I’ll go Crazy… a été l’occasion d’un remix très Dance Floor, relativement efficace (on avait l’impression d’être dans une discothèque, mais au moins par rapport à la version fadoche de l’album ça réveille). Après une batterie de morceaux cultissimes, mais sans réelle chaleur (Sunday Bloody Sunday sans No More, Pride, Where the Streets Have No Name et sa montée de guitare si particulière, si belle…) entrecoupés d’un MLK et d’un Walk On, et de speech de Desmond Tutu qui, de Prix Nobel, s’est transformé en attaché de presse de luxe du groupe, en flattant exagérement et de manière indirecte sans les nommer les melons de Bono et ses potes (dispensable, très dispensable…). Le set initial s’est terminé par une communion du stade toutes lumières éteintes et tous portables allumés pour One, chanson qui vraiment de par son côté épuré, atteint dans une enceinte d’une telle envergure une dimension extraordinaire… De toute beauté, n’est ce pas Lionel ?
A peine le temps de se rendre compte que c’est l’heure du rappel, qu’ils sont déjà là (pressés d’en finir ?) : 3 morceaux donc pour clotûrer, prendre l’argent et s’en aller (un peu comme on passe à la banque finalement) : Ultraviolet, With or Without You (pas de montée de nana sur la scène, pas de reprise à l’envi du public pace que Bono ne l’a pas laissé faire), pour terminer sur le morceau le plus extraordinaire et le plus émouvant de toute leur carrière sans doute : le planant, le structuré, le délicat Moment of Surrender et ses 8 minutes d’une intensité exceptionnelle : pari perdu ? message métaphorique particulier ? Toujours est-il que ce morceau est d’une platitude affligeante, indigne de terminer un concert, ou plutôt un show pareil, le groupe ne prenant aucun plaisir à le jouer et le public attendant que la sauce monte et prenne, ce qui ne sera jamais le cas (au contraire, certains baîllements se déclenchèrent ans l’assistance…). Bref, un véritable couac de fin avant que nos gentils héros ne quittent la scène sous les vivas…
Alors qu’avons-nous appris Palmer ? Que le dernier albohohohum n’est pas taillé pour le live (musicalement parlant), que la scène et le spectacle étaient visuellement relativement époustouflants, que la communion avec le public est fabuleuse (même si ça ressemble un peu à de l’adoration aveugle qu’à de la fan attitude objective), et que la musique était quand même un peu absente malheureusement : des versions parfois écourtées de classiques, et aucun rajout, aucune petite folie de The Edge sur un morceau digne d’être remémorée : bref, la sensation d’avoir vu un spectacle remarquable de par sa grandeur, mais d’être passé à côté d’un véritable concert… Mais au final, ça valait le coup d’être vu, c’est une évidence, tout simplement parce que voire les yeux des gens et de ses potes pétiller et briller, ça n’a pas de prix. Prochaine étape, une tournée d’adieux avec que des morceaux historiques, ça serait chouette non ?