Vous aimez les films d’espionnage des années 50-60 ? Vous êtes un admirateur de la IVème République et de René Coty ? Vous aimez la blanquette et les harengs pommes à l’huile ? Vous chantez Bambino sous la douche ? Vous aimez les panoramas ? Vous faites souvent des batailles de poulets ? Vous raffolez des jeux de plage désuets comme le jokari ? Pour vous, un apéritif sans une petite Suze n’est pas un vrai apéritif ? Bref si vous aimez les ambiances exotiques, la classe, les belles femmes, l’humour, « OSS 117, Le Caire nid d’espions » est fait pour vous !
Quelque peu échaudé par un Brice de Nice un peu facile et un peu redondant (en fait moyennement drôle pour parler franc du collier), votre serviteur a comme qui dirait un tant soit peu boudé ce film avec l’ami Jean Dujardin en tête de gondole lors de sa sortie en salles. Grossière erreur !! Après visionnage du DVD, on ne peut que s’incliner : OSS 117 est une réussite à tous les niveaux.
Parlons interprétation tout d’abord : comment ne pas saluer la performance de Jean Dujardin, absolument extraordinaire et hilarant de bout en bout. 95 minutes d’un one man show de très grande qualité, où il donne la pleine mesure de son talent, à coups de mimiques et de délires faciesques du meilleur tonneau, à mi-chemin entre l’espion de choc et de charme et le décérébré mental profond affublé d’un puissant patriotisme parfois très très poussé (mais toujours dans la limite du raisonnable ^^). Grimé tel le Sean Connery de l’âge d’or Bondien (la coupe de cheveux est fabuleuse), son personnage d’Hubert Bonnisseur de la Bath aka Lucien Bramard aka OSS 117 est fabuleux durant tout le film. Ajoutons à cela l’adorable, la sculpturale, la magnifique Bérénice Béjo dans le rôle de la dévouée mais un chouia retorse Larmina El Akmar Betouche (quel nom compliqué ^^), et une masse de seconds rôles plus que bien sentis : citons Philippe Lefebvre dans le rôle de « Djack Djefferson », le grand Claude Brosset (habitué des films de Bebel dans les 70’s), le belge François Damiens dans le rôle du belge Raymond Pelletier et aussi le bon, le superbe Abdellah Moundy dans le rôle du brave Slimane ( Fonce Slimane, fonce !!!!) ! un casting 4 étoiles !
La réalisation n’est pas en reste, loin s’en faut : véritable hommage pastiche aux films originaux d’OSS 117 et de James Bond, Michel Hazanavicius s’est servi des codes traditionnels de ce genre de films pour mieux les détourner et en rajouter dans l’absurde et le grotesque. Tout y est : décors, costumes, musiques, vocabulaire désuet (c’est cocasse !), plan à l’ancienne (notamment les arrières plan en voiture ou les nuits américaines ), générique… Un grand grand bravo à Michel Hazanavicius qui, après quelques films sympatoches réalisés (Mes amis) ou scénarisés (Delphine 1-Yvan 0), semble avoir retrouvé le matériau et la patte qui lui avait permis de réaliser il y a bientôt 15 ans ce film culte qu’est « Le grand détournement : la classe américaine»
Pour finir, un mot du scénario : une histoire d’espionnage exotique au Caire regroupant un agent secret français, un belge, un allemand, un russe, une princesse egyptienne (jouée par Aura Atika), une beauté fatale (ah ! Bérénice !) un Imam et des poulets. Suspense, meurtres, trahison, coups de théâtre et romance sont au programme comme à la grande époque. Quant aux dialogues, à coup de jeux de mots débiles (le soviet éponge…), de codes saugrenus ou de répétitions en tout genre (la choukran…), tout le monde y trouvera son compte.
En définitive, un film comique français qui fait vraiment plaisir à voir et à revoir, un grand moment de poilade et le sourire aux lèvres rien qu’en repensant à cette tronche terrible de Dujardin : l’adage « faire du neuf avec du vieux » prend ici tout son sens. Choukran sidis, et vivement 2008 pour les nouvelles aventures d’OSS 117. Vivement !