Dieudonnée se produisait à Nancy les 15, 16 et 17 septembre pour son nouveau spectacle « 1905 » ayant pour thème la laïcité. Il était hors de question que votre serviteur loupe une occasion pareille de se fendre la poire. Fidèle à lui même, le bonhomme met le doigt là où ça fait mal avec un humour aussi corrosif qu’efficace, pour le plus grand plaisir de ses fans…
Pourquoi « 1905 » me demanderez vous ? Comme chacun le sait bande de petits ignares, 1905 voit la séparation de l’Eglise et de l’Etat en France et marque le début de la laïcité dans notre beau pays. La laïcité est le principe selon lequel les croyances religieuses (ou la non croyance religieuse) relèvent de l’intimité de l’individu et doivent être volontairement ignorées par l’Administration. Elle a beaucoup fait parlé d’elle récemment avec les affaires de voile islamique portés par de jeunes musulmanes dans les collèges et lycées français, (re)lançant ainsi le débat des signes religieux ostentatoires dans les établissements scolaires.
Un véritable filon pour notre Dieudonné national qui ne rate jamais l’occasion de bisquer le communautarisme en France. Rassurez-vous, je ne reviendrais pas sur ses démélés avec la justice dûs à la susceptibilité d’une certaine communauté. Comme l’a si bien dit Desproge « On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui » ce à quoi je rajouterai que celui qui n’aime pas n’en dégoute pas les autres. Après tout, Dieudonné n’est pas le seul humoriste a donner des coups de pied dans la fourmilière qu’est la société française. Coluche et ce même Desproge ne s’en sont pas privé. Mais ceci est un autre débat. Mon objectif est de vous narrer l’excellent spectacle de l’humoriste.
Une chose est sûr, il était en forme ! Tout le monde (j’entend toutes les communautés) en ont pris plein la gueule. Dieudonné à cette capacité à créer et interpréter des personnages très charismatiques et criant de vérité. C’est un comédien hors pair capable de passer de la pauvre victime de la société à l’ordure de la pire espèce. Idem pour les accents : il peut prendre l’accent toulousain, arabe et africain dans le même sketch.
Tout ça lui permet évidemment de dire des choses qu’on pourrait juger « choquantes » mais c’est tellement exagéré que ça produit un effet très comique. Son humour est basé sur l’exagération mais d’un côté, on est tellement habitué au discours consensuel et aseptisé des médias que ça fait du bien d’entendre un type qui y va à fond.
Ce que j’aime particulièrement chez Dieudonné, c’est ce regard, cette dérision qu’il a sur lui-même. Faire un spectacle entier pour se défendre des attaques dont il a été l’objet en est la preuve. Mais c’est sur scène que cela transparaît le plus. Lors de ses spectacles, Dieudonné à tendance à faire des sketchs sur ce qui se passe en coulisse, avant, pendant ou après le spectacle (il le faisait déjà lorqu’il était avec Elie : « C’est quoi ces gens, là ? Qui c’est qui nous les envoie ? »). Il tourne en dérision ce qui se passe en coulisse, n’hésitant pas à faire participer ses techniciens au spectacle. Il prend faussement le public en aparté car il en profite pour lui en balancer quelques unes. Ce gars sait joué avec son public. Par exemple, dans ce spectacle, il joue carrément des spectateurs, pro et anti Dieudo. J’ai failli me pisser dessus deux fois. Je ne me lasse jamais de ces mises en abîme.
Enfin, c’était avant tout un spectacle très convivial compte tenu du fait que Dieudonné se produisait dans un café théatre : il n’y avait pas plus de 200 personnes dans la salle (d’où trois représentations) et j’ai eu la chance d’avoir une place bien en face (à côté d’une jeune fille très charmante ho ho ho).
Tout ça pour dire que Dieudonné est un très grand humoriste. Si vous n’aimez pas, je n’y peux rien. Mais moi je trouve que ça fait du bien un humoriste qui élève un peu le niveau (j’aime aussi le potache mais certains humoristes s’enferme dedans et perdent en qualité). Dieudonné se nourrit de ce qui l’entoure, c’est un fin observateur de la nature humaine. Il dit les choses et de la meilleur façon qui soit : en faisant rire. (en plus je lui ai serré la pogne et il m’a dédicacé une affiche ! Ben quoi j’ai aussi le droit de faire ma groupie !)