L’aspect le plus intéressant du Tour de France ne se trouve pas toujours dans la course, au milieu des coureurs, mais parfois dans les bas-côtés. Chronique d’une bonne tranche de rigolade…
C’était la première fois que j’assistait à une arrivée du Tour de France. Par le plus grand des hasards, la 6ème étape se terminait à Nancy, ville où votre serviteur sévi professionnellement. C’est beau de voir une ville en ébullition. En moins de 24H, c’est une véritable fête foraine qui s’est installé au centre ville, le long de l’avenue qui allait faire office de ligne d’arrivée. Tout les sponsors y allaient de leur petit stand, de Cochonou aux supermarchés Champion en passant part la Française des Jeux, Cofidis et le Crédit Lyonnais, la poste et j’en passe… Des sponsors bien français pour une institution française. C’est d’ailleurs ce qui m’a tout de suite plu. C’est vrai, quoi ! C’est bien plus rigolo et original de courir pour marque de saucisson que pour un constructeur automobile. Dans ce sens, le Tour de France, c’est la seule manifestation sportive française qui vous rappelle que vous devez aller faire vos courses et passer à la banque (en grattant un Banco au passage). En plus, que ce soit les stands, les gens ou les coureurs, c’est plein de couleur partout : du jaune, du rouge, de vert, du bleu… Bref, ambiance populaire et de fête foraine. Moi, j’adore.
Je suis pas le seul d’ailleurs. Dans la boîte où je travaille, le doyen (un bon français comme je les aime) avait allumé le poste de télé dans le bureau du dirlo et venait nous crier un petit topo tous les quart d’heure (Y sont à 20 km là ! Y sont bientôt là les enfants ! Faut y aller !) quand il gueulait pas tous seul au fond (Oh la percée ! Magnifique ! Venez voir le enfants !). Et comme c’étais pas très loin, eh ben on y est allé. Juste pour voir.
La foule s’était massé partout de part et d’autre de la route. On en voyait qui était perché sur les panneaux de signalisation et debout sur les camionnettes, ça grouillait de partout. Ils avaient les yeux rivés sur l’écran géant au bout de l’avenue. Moi, je ne pouvais pas, j’étais derrière un angle mais ça ne me gênait pas le moins du monde vu que j’étais plus intéressé par la foule que par les cyclistes et la compétition. Légèrement en hauteur, j’avais une vue imprenable de ce qui se passait et les enceintes dans la tronche. Parce qu’il faut savoir qu’on à le droit au commentaire live dans la rue. Aaaah les commentaires… C’est là que j’ai commencé à prendre mon pied ! Morceaux choisis :
– au moment de l’alarme annonçant l’arrivée des coureurs : « Une alarme choisie par Didier Fercheau, qu’il choisi parmi trente alarmes différentes »
– « Remontée de Cofidis, le crédit par téléphone ! »
Ensuite, j’ai failli me pisser dessus ! Figurez-vous que le héros du jour se nommait Christophe Mangin. Inconnu au bataillon me direz-vous. Ben figurez vous que ce coureur est lorrain, qu il s’est juré de gagner l’étape qui passe par sa région et qu’il est en tête à 1 km de l’arrivée. La foule en délire. 900 m. La chute. Le drame. Moi j’ai hurlé de rire ! Pas à cause de son malheur bande de naze, pauvre petit gars ! Mais à cause de celui de la foule ! Imaginez des gens passer d’un sourire jusqu’aux oreilles, en train de gueuler « Ouéééééééééééééé » à une mine déconfite tout de suite suivie d’un « Hooooooooooo ». Puis le deuil et la consternation. Je suis désolé, c’est moche. Mais moi, ça m’a fait penser à ce sketch des inconnus « Gérard Fagnon » où le cycliste tombe. Didier Bourdon surgit de la foule avec son bob Cochonou et beugle « Il est tombé Gérard », de même qu’un type à dit exactement sur le même ton « Il est tombé Christophe ».
Quand aux coureurs eux-même, on a à peine eu le temps de les voir. Pô grave, je me suis bien amusé quand même.