J’avais conclu mon top jeu vidéo 2010 par une promesse : parler d’art ludique un peu plus souvent sur sewersurfer.net, et ne pas attendre bêtement la fin de l’année.
J’aurais pu attaquer par un papier rétro sur Assassin’s Creed 2, sur lequel je me suis bien amusé en ce début d’année. D’ailleurs il n’est pas exclu que je le fasse. Mais non. Je ne vous parlerai pas d’Ezio Auditore aujourd’hui. Non, j’ai envie de parler d’un retour, celui d’Isaac Clarke.
Isaac, je l’ai rencontré grâce à mes potos. Oui encore eux. J’avais ma 360 depuis peu, c’était mon anniversaire -le 29e je crois-, et, connaissant mon attirance naturelle pour les gerbes de sang, la violence débridée et la pétoche, ils m’ont offert ce petit jeu, Dead Space. Un succès critique total, un four commercial désastreux. Pour moi, l’une des plus belles expériences vidéoludiques … de ma vie. Soyons fous.
Vous y campiez Isaac Clarke, seul au milieu d’une station infestée de nécromorphes (horribles monstres d’apparence vaguement humanoïde) ayant décimé la population. Dans ce survival horror à la troisième personne, vous ne voyiez jamais le visage d’Isaac, ni ne l’entendiez parler. Visuellement, les couloirs sans fin de l’USS Ishimura étaient votre seul horizon, les cris et les bruits divers et variés étaient vos seuls compagnons … avec une utilisation parfaite de la musique de Jason Graves, bien présente pour souligner les très nombreux moments de tension. Car dans Dead Space premier du nom, on s’excitait, on s’extasiait, on tremblait de bonheur, jusqu’au fabuleux boss final et à notre évasion de la station.
Malgré son échec commercial, Electronic Arts et Visceral Games ont tenu à donner une suite à notre chouchou. On ne les remerciera jamais assez. Si entre temps un bien chouette rail shooter était sorti sur Wii (Dead Space Extraction, re-merci les copains), Dead Space 2 est une vrai suite qui reprend presque là où on avait laissé Isaac. Trois ans ont passé depuis sa fuite de l’Ishimura, Isaac est interné au cœur d’une station baptisée La Méduse en orbite autour de Saturne. Evidemment, le réveil en camisole n’est pas de tout repos, et vos copains les nécromorphes vont bien vite faire leur comeback.
On nous avait promis un Isaac plus humain, plus d’action, plus d’espace, plus de tout. On avait appris à se méfier des effets d’annonce. Mais n’empêche, donner un visage à Isaac, le faire parler, interagir avec d’autres personnages est une chouette idée … même s’il faut bien avouer que le scénario n’est pas nécessairement le point fort du jeu : les interactions avec les autres personnages sont très limitées et le scénario n’est en fait qu’un prétexte pour des tableaux toujours plus grands plus forts, plus fous. Du rythme, il y en a. Le premier Dead Space était fabuleux par son découpage. Aux scènes d’action épiques succédaient de grandes phases d’exploration flippantes où l’on guettait chaque bruits, chaque jeu de lumière avec une certaine inquiétude. Dans ce Dead Space 2, on a un peu perdu cet esprit. On ira pas jusqu’à dire qu’il n ‘y a plus que des phases d’action épiques, mais presque. Ce qu’on perd sur le flanc du survival horror, on le gagne en action ; est-ce un mal ? Vous serez seul juge.
Exit la carte, il n’y a plus que le traceur pour se repérer dans les niveaux, avec au choix l’itinéraire vers l’objectif, le point de sauvegarde, le stock ou le plan -qui permet d’upgrader ses armes et sa combi-. Les armes sont plus variées, mais encore faut-il pouvoir se les payer, car les nécromorphes, les placards et les quelques caisses sont plus radins que par le passé. Par ailleurs écraser les dépouilles de nécromorphes à grands coups de savate est désormais indispensable pour récupérer leurs items.
Les espaces ouverts et variés de la Méduse n’ont rien à voir avec les couloirs exigus de l’Ishimura. Ici, vous traverserez une église, une école, un gymnase … une multitude de lieux qui autorise une vraie variété dans le gameplay. On notera au passage la remise à neuf des passages en gravité zéro, où l’on est désormais libre de nos mouvements. La classe. Ce n’est plus la peur qui vous étreint au final, juste une vraie belle excitation, un sentiment mêlé de soumission et de puissance avec de grandes montées d’adrénaline. DS2 enquille avec bonheur les scènes de bravoure offrant un challenge absolument brillant. J’avais suivi le conseil de Julien sur Gameblog qui recommandait d’attaquer le jeu en difficile -survivant-, offrant un vrai challenge pour qui connaissait bien le grand frère. Je l’ai fait, j’en ai bavé des ronds de chapeaux et je ne le regrette pas.
Même si je préférerai toujours son grand frère, DS2 est une perle, le fils parfait du space opéra et du survival horror, où les séquences ébouriffantes s’enchaînent sans le moindre temps de chargement, renforçant un peu plus l’impression « cinématographique » qui se dégage du titre. Foncez, c’est du shéba.